Mon arrière-grand-père Casimir
Lafaurie était sabotier et cultivateur à Perel (commune de Gilhoc). Il venait
de Saint-Basile. J’ai découvert il n’y a pas très longtemps ce joli petit
village, tout près de Lamastre et qui m’était pourtant inconnu jusque-là. Un
jour de l’été, j’ai eu envie de partir à la découverte du hameau où avaient
vécu ses parents Pierre-André Lafaurie cultivateur au Brouzet, décédé au Cros
chez son fils Lucien en 1848, et Elizabeth Courtial (native des Vastres en
Haute-Loire)
Le Brouzet est absent sur la carte
topographique, nous nous renseignons au village auprès d’une femme d’une
quarantaine d’années, qui part se renseigner chez sa belle-mère, qui elle-même
a une vague intuition de la direction à prendre, direction que nous prenons. A
Rissoan, nous reposons notre question à une jeune femme... qui va chercher sa
mère : nous devons continuer cette route, passer devant cette ferme
là-bas, puis une autre, et demander ensuite car c’est un peu compliqué. .
.c’est tout près du Cros.
Nous roulons en direction du Cros,
maison inscrite sur la carte, mais aucune route n’arrive au Cros car il n’y a
plus d’habitation, et nous devons faire demi-tour. Et là, le petit panneau “Le
Brouzet”... Nous garons la voiture, et un homme d’une soixantaine d’années nous
accueille. Je lui explique en quelques mots ma curiosité de connaître la maison
où a vécu le grand-père de ma grand’mère. Il nous invite à entrer, à boire un
rafraîchissement.
Travaillant à Lyon dans le commerce
international; il a acheté la maison il y a trente ans à un paysan. Le Brouzet
a été construit il y a plus de deux cent quarante ans (en 1756) .
Nous sommes la troisième voiture à
passer au Brouzet aujourd’hui. . .en comptant le facteur.
Ici le clinton est déjà presque mûr
sous cette canicule d’août. Sa treille garnit le mur de granit. Avant de nous
installer à l’ombre, nous visitons la maison, que le propriétaire a conservée
(presque) intacte “par respect du patrimoine”.
Comme dans la grange de notre
vieille maison de Perel, des troncs entiers de châtaigniers constituent la
charpente. Dans toutes les pièces à vivre pas de carrelage mais un “glacis”, et
un plancher aux larges planches dans les chambres qui occupent l‘ancien
grenier. Une cheminée, de taille “normale”, garde les cendres de la dernière
flambée, et ses soufflets noircis de suie ne sont pas là pour la décoration. A
l‘autre bout de la pièce, l’autre cheminée est immense, avec son petit
recoin-placard, son four à pain, sa place pour le fauteuil... Le propriétaire
nous montre également l’emplacement de l’ancien lit-clos. Les caves sont
voûtées, et malgré les concessions faites aux installations électriques et aux
canalisations d’eau, on peut encore voir le “trappon” par lequel on
s’engouffrait directement dans la cave pour s’enfuir au douloureux temps des
dragonades (mes ancêtres étaient « RPR » – religion prétendue
réformée).
C’est là que vivaient mes
arrière-arrière-grands-parents...
Suzon - 2003