lundi 29 novembre 2010

Ma loupe

J’ai toujours une grosse loupe sur ma table. Je l’observe, en amie, et elle m’emporte dans les souvenirs.
J’ai mis dans mon cartable tout ce qui me sera nécessaire : papier, crayon, gomme, fiches de relevés, calculette, et ma loupe. Je n’ai pas encore d’appareil numérique, donc je prendrai des notes.
Dans la petite mairie de Gilhoc-sur-Ormèze, la secrétaire me connaît bien désormais. Elle me laisse monter dans la salle du Conseil Municipal, après m’avoir remis les registres qui m’intéressent. C’est moi qui ouvre les volets. J’écarte les verres : « Excusez-moi, m’a dit la secrétaire, hier soir il y avait la réunion du Conseil, je n’ai pas encore tout débarrassé. » Il reste des miettes -de pogne il me semble.
Après les tables décennales, je consulte le registre des mariages des années comprises entre 1823 et 1832. Je suis parvenue à une étape de mes recherches généalogiques plus longue et plus délicate. Les registres sont touffus, la calligraphie ne m’est pas familière et je n’ai pas fait d’études de paléographie. Est-ce un f ou un s ? Un p ou un j ? Les patronymes sont parfois déformés, transcrits « à l’oreille » : je me dis que certains de mes ancêtres devaient avoir un cheveu sur la langue, ou avoir déjà bu quelques canons au moment de leurs déclarations. Je parviens enfin à trouver ma Thérèse Veron, 28 ans, native de Saint-Voy (Haute-Loire) qui épouse Jean François Charbonnier, 54 ans, le septième jour du mois de décembre de l’an mil huit cent vingt cinq. L’écriture penchée, à l’encre noire brunie par le temps, est effacée par endroits, la page cornée. Ma loupe est bien utile, pour déchiffrer la note au bas de l’acte.


« Les parties contractantes ont déclaré avoir eut commerce charnel avant la célébration du présent mariage duquel il n’est un enfant mâle appellé François Louis, enregistré comme enfant naturel de ladite Veron de même d’or et déjà adopté dès la célébration du présent mariage comme leurs enfant légitime. »



Dans la salle du Conseil Municipal, je souris de ce pied de nez au puritanisme réputé de la famille ! Ne pas croire aux légendes !

La secrétaire de mairie veut bien me faire une photocopie pour 1 Franc. (On n’est pas encore au temps des euros)

Depuis, j’ai scanné le document, que mon écran d’ordinateur agrandit à ma guise, loupe devenue inutile. Le « commerce charnel » de mes aïeux est sorti du secret !

La fiancée n’a pas signé l’acte de mariage, ayant « déclaré ne le savoir faire ». Mais je vois comme un clin d’œil que me glisse mon arrière-arrière-grand-mère Thérèse, moi qui, comme elle, ai épousé un nommé Charbonnier, cent trente-sept ans plus tard. Moi qui passe de longues semaines dans la maison où ils ont vécu, où mon époux Charbonnier cultive le même jardin…

Ma loupe ne me révèlera rien sur leur vie de paysans vivarois… J’essaie simplement d’imaginer celle-ci à travers des lectures, des traces laissées par d’autres qui savaient écrire.





Suzon Charbonnier - 2007




mercredi 17 novembre 2010

Naissance de la bibliothèque communale d'Annonay



Du Cercle des Jeunes Gens
à la Bibliothèque Municipale

1823 - 1839






L'histoire d'une harmonieuse collaboration
- Historique de la Société de Lecture page III (Vue 6 / 646)
- Traité passé entre le Maire de la ville d'Annonay et la Société de Lecture    p.X (Vue 13 / 646) 



dimanche 14 novembre 2010

Abandon d'Elisabeth Imbert, Marseille 1861

Dans le cadre de recherches sur les petits Marseillous (enfants abandonnés à Marseille et "placés" en Ardèche), je tombe sur un acte qui me touche particulièrement. Je l'insère dans la gazette de l'Ardèche même s'il ne concerne pas ce département.
Il y en aura d'autres, trouvés au hasard des registres des AD13,car les frontières sont très minces dans le monde subtil de l'histoire locale.




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Déclaration d’exposition
Exposition
de Elisabeth  Imbert
x 304 x
 

L’an mil huit cent soixante un et le neuf septembre nous Antoine
Marius Brona ( ?) adjoint au Maire de Marseille délégué aux fonctions
d’officier de l’Etat Civil est comparu le sieur Victor Pascal agé de
trente un ans demeurant boulevard de la Madeleine 64 préposé
au service des enfants trouvés et abandonnés de l’hôtel  Dieu de cette
ville qui nous a déclaré que hier a dix heures un quart
du soir il a été exposé au tour du dit hôtel Dieu un enfant
du sexe féminin qu’il nous présente présumée agée de cinq
jours et n’ayant sur son corps aucune marque particulière,
Sa vêture consiste en :
Sur la tête un vieux morceau de laine noir à bouquet rouge
verts et violets, une pointe en soie de différente couleur, béguin
indienne fond blanc a petites raies rouges autre calicot, 2 pointes en
couleurs dont l’une mousseline t l’autre en indienne, à raies jaunes
et bleues, chemisette calicot sanglé bleu en coton vieille, lange en toile
autre escami..ee ( ?) , un vieux morceau de pièce piquée a ramage de
diverses couleurs, autre en drap vert.
Parmi  ces effets se trouve comme signe de reconnaissance sur  la poitrine
un petit billet écrit, plié dans un autre morceau de papier blanc
« me trouvant  dans un grand besoin et dans la dure nécessité d’aban
donner mon enfant faute de nourriture et de secours ; je la recommande
 à vos soins, et je désire la retirer dès qu’il sera en mon
pouvoir. Je la nomme Elisabeth Imbert  fille de Victorine Courtes ( ?).
prenez  pitié d’une pauvre mère qui en a déjà un enfant sur
les bras,  et que la misère seule condamne à abandonner le second
une mère éplorée la recommande a vos soins et a votre tendresse. »
Cet enfant a été inscrit dans les registres de l’Etat
 Civil de cette mairie sous les prénom et nom de Elisabeth
Imbert et de suite nous l’avons fait reporter à l’hôtel Dieu.
La présente déclaration d’exposition est faite en présence des
sieurs Antoine Richaud âgé de septante deux ans et
Amable Daras âgé de trente neuf ans  servant au dit hotel
Dieu y demeurant qui ont dit ne savoir signer et lecture faite
avons signé avec le declarant .