jeudi 24 mai 2007

La fête des fous à Viviers

Mazon, Albin (1828-1908). Voyage au pays Helvien. 1885

Notre guide nous fit traverser la plaine d'Aps, pour aller voir sur le versant du Coiron, aux limites d'Aps, entre Sceautres et Aubignas, une grotte à toit balsamique, fort curieuse, sinon par elle-même au moins par les traditions qui s'y rattachent. Cette grotte a encore dans la population des environs des clients qui viennent y chercher la guérison de leurs maux. Il y coule, dit-on, parfois des eaux limpides qui rendaient jadis la santé aux lépreux, mais il faut de ferventes prières pour faire apparaître cette source mystérieuse et je dois avouer que les nôtres n'eurent pas ce pouvoir. Il est vrai que nous étions dans une grande période de sècheresse et Barbe put supposer, non sans raison, qu'après une bonne pluie, nous aurions été plus heureux.

A l'entrée de la grotte se trouve un Christ en fer, mais tellement informe qu'on peut tout aussi bien y voir autre chose qu'un emblème chrétien. Les gens des environs disent que ce lieu était consacré à Ste Folie, une sainte qui ne se trouve pas dans le calendrier, mais qui est certainement la sainte la plus fêtée dans ce pauvre monde car elle a une petite chapelle dans tous les crânes humains.

Il est vrai que les curés des environs revendiquent ce sanctuaire volcanique, les uns pour St Félix et les autres pour Ste Euphémie, laquelle est honorée en quelques endroits voisins le long du Rhône et notamment à Baix; mais je suis fort tenté de croire qu'il y a là réellement un vestige de paganisme et qu'il faut y voir un des plus anciens temples dédiés à la sainte dont Erasme a si spirituellement raconté la domination universelle.

Quoiqu'il en soit, il est certains que de braves gens viennent encore de temps à autre dans ce lieu, solliciter Santo-Folio et lui apporter leur offrande. C'est pourquoi les bergers y passent chaque matin et profitent des gros sous déposés par les pélerins.
Cette grotte de Ste Folie miraculeusement échappée à l'action du temps, fait songer à la fête des Fous qui, au moyen-âge, se célébrait non loin de là, en pleine ville de Viviers, et sur laquelle Lancelot, l'académicien du XVII° siècle, nous a conservé quelques détails d'après un rituel manuscrit de l'église de Viviers.

"Cette fête commençait par l'élection d'un abbé du clergé. C'était le bas-choeur, jeunes chanoines, clercs ou enfants de choeur, qui la faisaient. L'abbé élu et le Te Deum chanté, on le portait sur les épaules dans la maison où tout le reste du chapitre était assemblée; l'évèque lui-même, s'il était présent.

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mardi 22 mai 2007

L'habitat



La demeure paysanne-type est plutôt basse, trapue, avec ses ouvertures au midi ou au couchant. Elle s'élève entre une cour et un jardinet, et ses dimensions soint assez réduites, mais une constructions lui est contigüe, d'autant plus conidérable que le bétail est plus important, c'est l'écurie et au-dessus le granier à foin.

Ch. du Besset

Les Paysans




Par la rareté et la difficulté de ses voies de communication, le Vivarais, tel un petit monde isolé, résista plus longtemps que toute autre province aux influences du dehors, et ses paysans conservaient encore il y a quarante ans à peine, un physionomie vraiment originale.


Charles du Besset
Trois siècles de la vie rurale, économique et sociale en Haut-Vivarais (1600-1900)