dimanche 23 décembre 2007

The night before Christmas , C. Moore, 1822






De l'Ardèche à l'autre bout du monde, c'est toujours la même histoire, la même féérie, la même magie de mots et de rêve mélés.


En 1822, Clément Moore, pasteur New-yorkais, met ses propres mots autour du rêve et nous lègue son beau poème de Noël. Ce poème était si beau qu'il séduisit tous les coeurs et dépassa très vite les frontières.




Aujourd'hui encore, la tradition anglo-saxonne veut qu'il soit lu à haute voix pendant la veillée de Noël. Alors, aux quatre coins de la planète, où que vous soyez, entourés de vos familles ou de vos amis, ne vous privez pas de ce plaisir tout simple : le partage d'un moment d'émotion.











La nuit avant Noël

C'était la nuit de Noël, un peu avant minuit,
A l'heure où tout est calme, même les souris.

On avait pendu nos bas devant la cheminée,
Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.

Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,
Les enfants sages s'étaient déjà endormis.

Maman et moi, dans nos chemises de nuit,
Venions à peine de souffler la bougie,

Quand au dehors, un bruit de clochettes,
Me fit sortir díun coup de sous ma couette.

Filant comme une flèche vers la fenêtre,
Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.

Au dessus de la neige, la lune étincelante,
Illuminait la nuit comme si c'était le jour.

Je n'en crus pas mes yeux quand apparut au loin,
Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,

Dirigés par un petit personnage enjoué :
C'était le Père Noël je le savais.

Ses coursiers volaient comme s'ils avaient des ailes.
Et lui chantait, afin de les encourager :
" Allez Tornade !, Allez Danseur ! Allez , Furie et Fringuant !
En avant Comète et Cupidon ! Allez Eclair et Tonnerre !
Tout droit vers ce porche, tout droit vers ce mur !
Au galop au galop mes amis ! au triple galop ! "

Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent
Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles ,
Les coursiers s'envolèrent, jusqu'au dessus de ma tête,
Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël.

Peu après j'entendis résonner sur le toit
Le piétinement fougueux de leurs petits sabots.
Une fois la fenêtre refermée, je me retournais,
Juste quand le Père Noël sortait de la cheminée.

Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet,
Etaient un peu salis par la cendre et la suie.

Jeté sur son épaule, un sac plein de jouets,
Lui donnait l'air d'un bien curieux marchand.

Il avait des joues roses, des fossettes charmantes,
Un nez comme une cerise et des yeux pétillants,
Une petite bouche qui souriait tout le temps,
Et une très grande barbe d'un blanc vraiment immaculé.

De sa pipe allumée coincée entre ses dents,
Montaient en tourbillons des volutes de fumée.

Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond
Sautait quand il riait, comme un petit ballon.

Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin,
Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main.



Mais d'un clin d'oeil et d'un signe de la tête,
Il me fit comprendre que je ne risquais rien.

Puis sans dire un mot, car il était pressé,
Se hâta de remplir les bas, jusqu'au dernier,

Et me salua d'un doigt posé sur l'aile du nez,
Avant de disparaître dans la cheminée.

Je l'entendis ensuite siffler son bel équipage.
Ensemble ils s'envolèrent comme une plume au vent.

Avant de disparaître le Père Noël cria :
" Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit "

Clément Moore, New York, 1822





Et parce qu'un texte est toujours plus beau dans sa langue d'origine ....


THE NIGHT BEFORE CHRISTMAS
by Clement Clarke Moore

Twas the night before Christmas, when all through the house
Not a creature was stirring, not even a mouse;
The stockings were hung by the chimney with care,
In hopes that St. Nicholas soon would be there;
The children were nestled all snug in their beds,
While visions of sugar-plums danced in their heads;
And mamma in her 'kerchief, and I in my cap,
Had just settled down for a long winter's nap,
When out on the lawn there arose such a clatter,
I sprang from the bed to see what was the matter.
Away to the window I flew like a flash,
Tore open the shutters and threw up the sash.
The moon on the breast of the new-fallen snow
Gave the lustre of mid-day to objects below,
When, what to my wondering eyes should appear,
But a miniature sleigh, and eight tiny reindeer,
With a little old driver, so lively and quick,
I knew in a moment it must be St. Nick.
More rapid than eagles his coursers they came,
And he whistled, and shouted, and called them by name;
"Now, Dasher! now, Dancer! now, Prancer and Vixen!
On, Comet! on Cupid! on, Donder and Blitzen!
To the top of the porch! to the top of the wall!
Now dash away! dash away! dash away all!"
As dry leaves that before the wild hurricane fly,
When they meet with an obstacle, mount to the sky,
So up to the house-top the coursers they flew,
With the sleigh full of toys, and St. Nicholas too.
And then, in a twinkling, I heard on the roof
The prancing and pawing of each little hoof.
As I drew in my hand, and was turning around,
Down the chimney St. Nicholas came with a bound.
He was dressed all in fur, from his head to his foot,
And his clothes were all tarnished with ashes and soot;
A bundle of toys he had flung on his back,
And he looked like a peddler just opening his pack.
His eyes -- how they twinkled! his dimples how merry!
His cheeks were like roses, his nose like a cherry!
His droll little mouth was drawn up like a bow,
And the beard of his chin was as white as the snow;
The stump of a pipe he held tight in his teeth,
And the smoke it encircled his head like a wreath;
He had a broad face and a little round belly,
That shook, when he laughed like a bowlful of jelly.
He was chubby and plump, a right jolly old elf,
And I laughed when I saw him, in spite of myself;
A wink of his eye and a twist of his head,
Soon gave me to know I had nothing to dread;
He spoke not a word, but went straight to his work,
And filled all the stockings; then turned with a jerk,
And laying his finger aside of his nose,
And giving a nod, up the chimney he rose;
He sprang to his sleigh, to his team gave a whistle,
And away they all flew like the down of a thistle.
But I heard him exclaim, ere he drove out of sight,
"Happy Christmas to all, and to all a good-night."


mercredi 19 décembre 2007

L'histoire de Paul et Claude, petits bergers en vadrouille


St Laurent-sous-Coiron

Disparition de deux pupilles de l'assistance publique



Mais quelle mouche a piqué ces deux petits bergers lorsque, leur rêve pour seul bagage, ils se sont enfuis de leurs paturages, en ce mois de juillet 1911 ?

Désir de visiter le monde ? Un monde à quelques kilomètres ou un monde bien plus lointain ?

L'histoire gardera le secret de Paul et Claude, ces deux enfants dont un article du Journal de Privas signale la disparition, en juillet 1911 . Nous ne saurons probablement jamais ce que sont devenus les deux garçonnets ni ce qui les a incités à s'enfuir. A moins qu'un lecteur ne reconnaisse en eux l'un de ses ancêtres ... Sait-on jamais !



Je peux seulement maginer leur histoire


Imaginer qu'ils ont eu envie d'ailleurs, de paysages nouveaux, de villes peut-être, de boutiques animées, de jupes colorées qui virevoltent le long des jambes des jolies filles, des envies de rires, de bruits, de rues pavées sur lesquelles claquent les galoches de gamins enjoués qui se poursuivent dans les rires et les cris ; envie d'un monde neuf où, à n'en pas douter, il leur arriverait quelque aventure extraordinaire qui viendrait rompre la monotonie des mornes journées partagées entre les heures d'école et celles passées dans le silence des montagnes.



Levés aux aurores pour s'occuper des bêtes, puis journée d'école, travaux des champs, journées lourdes et monotones pour ces petits gaillards de 11 et 14 ans, qui ont envie de chahut là où ils ne trouvent que la discipline imposée par le Maître ou le grand silence des montagnes. Qu'a-t-on à faire du calme des montagnes lorsqu'on est à l'age des bétises ?




Le plus jeune s'appelle Paul Lucchesi, il a 11 ans, il est né à Marseille de parents inconnus. Le second est son aîné de trois ans, son nom est Claude Maisoneuve, lui aussi est un enfant de l'Assistance de Marseille. Recueillis tous deux par les bonnes oeuvres de l'Abbé Fouque, ils ont été placés en Ardèche. Paul chez Monsieur Chirouse et Claude chez Monsieur Marnas, tous deux propriétaires à St Laurent-sous-Coiron.

Mais par une belle journée de juillet, voilà que Paul et Claude décident de s'enfuir. Tous deux ont pourtant déjà connu l'exil, bien des années avant . Oh, pas un grand exil ... pas d'océans traversés, ni de frontières franchies ... Mais, tout de même, de Marseille à l'Ardèche, pour un petit enfant de l'Assistance, c'est le bout du monde ! Qu'ont-ils donc trouvé, dans leurs familles ardéchoises toutes neuves, lorsque ils sont arrivés de leur ville natale ?

Quel accueil leur a-t-on réservé ? Ont-ils eu la chance de trouver enfin le foyer chaleureux qui leur ferait oublier l'âpreté de l'orphelinat ? J'ai envie d'imaginer de belles maisons en pierre du pays, un peu en bordure du village, donnant sur les champs à perte de vue, dans lesquelles des familles au grand coeur auraient reçu les deux enfants et les auraient pris avec eux, leur apportant affection et soin comme s'ils étaient leurs propres enfants. Mais l'histoire ne dit pas ces choses-là.

L'Histoire, celle des livres, parle de choses autrement pragmatiques : livrets définissant les modalités des placements, textes de loi (entre autres, la loi du 23 décembre 1874) posant les droits mais aussi les devoirs des familles chez lesquels les enfants étaient placés.

Une rémunération mensuelle, des primes, des compensations financières, un trousseau, mais en échange de devoirs très clairement définis par les textes et qui doivent être respectés. Les nourrices et le chef famille sont d'ailleurs contrôlés, par le médecin contrôleur, par le maire de la commune ou encore par des agents de l'assistance publique. Par exemple, si l'enfant n'est pas vacciné, la nourrice à l'obligation de s'en préoccuper. L'éducation complète de l'enfant est confiée à ces fermiers. Il ne s'agit pas simplement de les nourrir et de les faire travailler aux champs. Le "père" doit être bienveillant et soucieux de l'assiduité de l'enfant à l'école (de l'age de 6 ans à 13 ans). Des primes sont d'ailleurs attribuées aux familles dont les enfants placés auront atteint un niveau d'études satisfaisant. Le chef de cette famille "recomposée", dirions-nous aujourd'hui, devra également répondre de l'éducation religieuse de l'enfant et veillera à ce qu'il fasse sa première communion.

Tout est prévu par les textes, le carnet de nourrice (Sevreuse ou Gardeuse), les livrets personnels, pour que l'enfant reçoive une éducation très complète dans laquelle rien n'est laissé au hasard.

Un beau témoignage m'a été confié, le Certificat délivré par le Maire à une Nourrice, en 1887, au titre de "La protection des Enfants du 1er Age".

Mais, hors du cadre des textes, dans la réalité du quotidien, que se passe-t-il vraiment au sein de la famille ? Comme dans n'importe quelle famille, personne d'autre que les intéressés ne le savent. Du pire au meilleur, tout est envisageable.

Revenons à Paul et Claude, nos deux petits bergers. Que savons-nous d'eux ? Nous savons seulement qu'ils ont été "placés" à la campagne et qu'ils sont tous deux chargés de veiller sur les troupeaux.

Alors, pourquoi s'enfuit-on lorsqu'on a 11 et 14 ans, si l'accueil est bon, le fermier honnête et juste, la soupe bien faite et les bras de la "mère" accueillants ? Que fuit-on ? Le travail était-il trop dur ? Il faut se resituer dans le contexte de l'époque et ne pas oublier que l'enfant n'a pas toujours été protégé et considéré comme il l'est de nos jours. Même si en ce début du XXème siècle, ce n'était plus "l'enfant esclave" comme par le passé, et que de grands progrès avaient été faits dans le regard qu'on lui portait, même si l'évolution était en marche, il était encore, et pour longtemps, l'enfant mis au travail très tôt et dont la force physique était utilisée dès que possible.

Le labeur était éprouvant pour ces enfants jeunes; les journées étaient longues, les nuits courtes. La mode d'antan n'était pas encline aux démonstrations de tendresse ni aux gâteries superflues. On se bornait à l'essentiel : travailler, apprendre, manger, dormir. Non par dureté particulière de l'âme mais simplement parce que le paysan lui-même travaillait bien trop dur pour avoir l'esprit à considérer l'enfant autrement que comme deux bras supplémentaires utiles à la ferme et, on ne peut pas ne pas y penser, comme une source de revenus régulière.

Alors, ont-ils fui la rudesse du travail aux champs ou simplement la routine d'une vie trop monotone ? Les deux, probablement.... A 11 ans, Paul est encore à l'école, mais Claude depuis ses 13 ans révolus n'est plus tenu d'y aller et passe ses journées dans les collines, avec ses troupeaux. Langueur d'une vie au rythme incompatible avec l'impétuosité de deux enfants débordants de vitalité et d'imagination.


Peut-être Paul et Claude se sont-ils enfuis simplement parce qu'ils sont à l'âge où l'envie de découvrir le monde est plus forte que tout. Ont-ils mûri leur projet, jour après jour, dans le secret de leurs collines, ou bien sont-ils partis sur un coup de tête ? Nul n'en saura jamais rien. Ils rêvent... ils savent bien au fond d'eux qu'il ne sera pas facile de mener à bien ce projet complètement fou et que les gendarmes se mettront en quête dès la disparition signalée... Paul et Claude savent bien qu'une miche de pain et quelques pommes ne suffiront pas pour survivre bien longtemps... et que le soir il leur faudra dormir sous les étoiles, mais peu importe. Ils ont la tête ailleurs et font semblant de ne pas savoir que l'été ne durera pas toujours... On sait tout à fait ces choses-là, à 11 et 14 ans, quand on est un petit berger débrouillard, venu de l'assistance de Marseille. Et pourtant, un beau jour, défiant la raison, on s'enfuit.

L'article du Journal de Privas dit que Claude a un oncle à Firminy (dans le Massif central entre l'Auvergne et le Forez, à la limite du Velay ) ... peut-être s'y sont-ils rendus ? Ou au contraire peut-être ont-ils évité prudemment Firminy afin de ne pas être pris par les gendarmes et poursuivre leur escapade vers la grande liberté.


J'aime imaginer que Claude et Paul ont été retrouvés en bonne santé et qu'ils n'ont pas été trop rudement punis pour avoir rêvé tout haut et donné forme à leur désir d'enfant. Je ne veux pas envisager qu'ils ont peut-être fait de mauvaises rencontres dans les chemins de traverse, qu'ils ont pu souffrir cruellement de la faim, du froid ou de quelque fièvre maligne, ou encore que quelques années plus tard, ils ont pu être pris dans les mailles serrées d'une guerre cruelle.

Les deux petits bergers ont gardé leur secret.

Article rédigé par Une du Teil

Merci à
Sandrine Penjon, Christiane Peyronnard, Raymond Periades pour les documents qu'ils m'ont transmis et grâce auxquels j'ai pu étayer mon texte.


Sources utilisées :
* Loi du 23 décembre 1874.
* Carnets de nourrice.
* Livrets personnels .
* AD07 - Revues en ligne "Le Journal de Privas" .

vendredi 7 décembre 2007

L'hiver 1709 à Alba la Romaine

Le matin la veille des roys on joua a la paume
Notta
La veille des roys 1709 le froid commença et augmenta jusques au jour de St. Vincens, l'hiver feu si rude qu'il tua tous les grains tous les oliviers presque tous les noyers, et a bien d'endroit lesvignes & chattaniers , le vin se glaçoit dan les tonneaux les animaux se resentirent de ce grand froid, dans laplus grande partie perirent, en suitte les hommes en 1710 et dans les deux paroisses où naturellem(ent) ne meure que dix a douze grands corps, nous en enterames à St Martin aunombre de 44 grandes personnes sans compter les petits enfants, le froment se vendit jusque 20 lt (livres tournois) le cestiers , et le seigle 18 lt (idem) lorge
jusques a 18 lt (idem) lavoine 16 lt (idem) la saumée,
l huille se vendoit 10 st (sols tournois) et le vin 15 a 20 st (idem)
la charge tres mauvais (douteux) (surligne), lon passa la Rhosne au teil sur la glace lespace de 8 jours,
J'avois une orangerie qui faisoit la beauté de (tout) le voisinage
estimés 100 lt (livres tournois) qui perirent avec
25 pieds de Jasmins d'espagne et toutes mesfleurs de mon par terre (...) il est vray de dire quil ny a rien de mal(..) qun dieu quil soit béni a jamais amen.

Sources : AD07 BSM Alba la Romaine registre 1676 à 1715 p 252
Relevé par Frédérique Imbert
(transcription Laurence et Frédérique)

Le calvaire d'Anne Marie Guironnet - 1772

Le six du mois d'aoust mil sept cent soixantedouze est décédée a Massas paroisse de Bozas demoiselle Marie Anne GUIRONNET de Massas agéede vingt un an munie des sacrements de l'église dont la vie a été un prodige de souffrance aiant été privée totalement depuis sa naissance de l'usage des mains et des pieds, joint à des ulcères quelle a garde pandant la plus grandepartie de sa vie aux jambes, laquelle demoiselle a été ensevelie le sept du présent mois dans l'église dudit Bozas au dessous du banc de ses ancetres, en presence de messires Jullien de SENOUER (?) et Jean André FORIEL prêtres soussignés de ce inter-pelles ainsi l'atteste.signés : SENOUER p[re]tre, FORIEL p[re]tre et vic[aire], LAGRANGE curé

Sources : AD07 Bozas 1771-1793 page 24-
Relevé par Mireille Attias

Décès d'un voiturier - 1806

L'an mil huit cent six et le vingt neuvième jour du mois d'avril est mort dans l'auberge de Tarisson Joseph Falcon voiturier du Bourg de foi (Foy-sur-Lignon aujourd'hui) departement de la Haute Loire âgé d'environ soixante ans et a été le lendemain solennellement enterré dans le symetiere de Saint Pierre de Colombiers. Présents Jean Volle et Joseph Martin dudit lieu de Colombiers illettres de ce enquis et recquis


Sources : AD07 commune Saint Pierre de Colombier- Page 133 Registre 1793-1825
Relevé par Emilie Borel

Mort par noyade - 1769

L'an mil sept cent soixante neuf et le
trentième aoust a été enterré dans le cimetière
de Colombiers, vingt quatre heures après son décés,
le corps de Jean Fenouil du lieu de Colombiers qui
s'est noyé en plein jour en travaillant à mettre
l'eau à sa prairie, âgé d'environ cinquante ans.
Ont assisté à son convoi Joseph Martin et Louis
Bernard du lieu de Colombiers et illettrés de ce
enquis et requis.

Signé Darlis prêtre.

Sources : AD07 St Pierre de Colombier 1768-1793- Registre 282 Folio 166
Relevé par Emilie Borel

Noyade dans le Rhône -1782

Noyade de Jean CRUMY à St Estève - 1782


Le saize favrié mil sept cent quatre vingt deux on a vû tomber Jean CRUMY du lieu de St Exteve agé d'environ trante cinq ans dans le fleuve du Rone (Rhône) entre la rivière du Doux et St Extéve on ne la plus revû depuis malgré toutes les recherches qu'on a faites de suite il a été vu noyer par Jean MARCON du lieu de St Esteve et par autres deux personnes du lieu des Fourches psse (paroisse) de Tournon dont j'ignore le nom fait ce 14 juilliet 1782 FRAISSE ptre (prêtre)

Sources : documents personnels de Miéreine

Adressé par Miéreine

Accident de cabriolet à Beauchastel - 1767

L'an mil sept (cent) soixante sept et le cinquième aout vu les procès verbaux
fait par mr les officiers de la justice pour Controler la mort et le genre
de mort d'antoine Perrier menager de la paroisse du Pousin enVivares
mari de Jeanne Boucenar desquels il resultte que led(it) Antoine Perrier
est mort du coup qu'il s'est donné en tombant d'un cabriolet ou de la
presseure d'une roue de charete qui lui a passé dessus après sa chute
vu de plus le cartificat de Catholicité delivré par Mr Combier
curé commis du Pousin et l'ordonnance de mr Lexpige qui nous est
enjoint de luy accorder la sepultture cathollique, nous soussignes
vicaire de la paroisse de Beauchastel ou ledit perier décédé le jour d'hier
agé (vois renvoi en fin d'acte) d'environ 56 ans
l'avons enseveli en présence d'Antoine Nier et Louis Perrier qui
ont signé avec nous

Sources : AD07 commune Beauchastel - registre 1766 à 1797 page 9
Relevé par Frédérique Imbert

20 ans après ... à Beauchastel - 1788

L'an 1788 et le 4° septembre, par devant nous vicaire de Beauchastel, y faisant les fonctions de curé ont comparu Sieur Jean Annet GALLY ménager du dit lieu fils légitime de feus Jean Annet et Alix ?(CLAIFAC)? d'une part et demoiselle Elisabeth LALLEMAND du même lieu fille légitime de feus sieur Pierre LALLEMAND et de demoiselle Jeanne GARNIER d'autre part lesquels pour se conformer à l'édit de novembre 1787 enregistré au parlement de Toulouze le 23 février suivant nous déclarent en présence des sieurs Pierre LALLEMAND, François LALLEMAND, Pierre DUMAS et Antoine GIRAUDON tous témoins soussigné et domiciliés audit Beauchastel qu'ils se sont unis comme époux à la suite d'un contrat civil qu'ils passèrent le 15 mai 1766 par devant Mestre SAINT-ANDRE notaire royal et que leur union conjugale a été suivie de la naissance de 5 enfants vivants la première est une fille née le 22° décembre 1767 baptisée sous le nom d'Elizabeth, la seconde est une fille née le 8° novembre 1770 baptisée sous le nom de Jeanne * le troisième est un fils né le 29 janvier 1776 baptisé sous le nom de Jean-Louis, le quatrième est un fils né le 14° avril 1778 baptisé sous le nom de François Jacques le cinquième est un fils né le 23° décembre 1779 baptisé sous le nom de Jean-Antoine, nous requerant de leur donner acte de cette déclaration que nous dit curé vicaire leur avons octroyé afin que la dite union conjugale soir un vrai et indissoluble mariage relativement au susdit édit et nous sommes requis avec les susdits témoins et les parties." Signé 3 fois LALEMAND, GALLY, DUMAS, GIRODON, ?(MALEXIN Vic)

Sources : AD07 commune Beauchastel - registre 1766 à 1797 page 178

Relevé par Frédérique Imbert

Enfant trouvée sur la route Viviers - 1794

Proces verbal du tridy treizième thermidor année quatrieme Républicaine une indivisible et democratique environ les deux heures après minuit il auraitété entendu la voix d'une enfant nouvellement né sur la route de viviers a aubenas a la distance d'environ cent pas de lamaison du nommé françois boyer lesquel dit françois boyer avoir écouté cette plaintive voix se serait transporté sur le lieu ou il entendait gémir cette faible creature et qu'effectivement il aurait trouvé sur un mur attenant a la sudite route un enfant couvert d'une très mauvaise linge sur ledit mur et que dans le meme instant il en serait venu prevenir la municipalité d'aps comme comme se trouvant dans sa commune laquelle se serait transportee sur le lieu et yaurait effectivement trouvé un enfant né suivant les apparences d'aujourdhuy couvert et être mailoté d'un très mauvais linge ledit enfant placé entre deux pierres et de suitte l'aurait faitemporter par la famme du dit Boyer dans la maison commune audit aps ou elle aurait eu soin provisoirement de luy procurer une nourice lequel a etye effectivement executé. La municipalité pensant qu'un enfant trouvé sur une grande routte ne devait pas etre a sa charge mais bien a celle de la nature.
Extrait tiré mot a mot des registres de la commune d'Aps.

Sources : AD07 - Alba La Romaine - Registre 1794 à 1801 - Pages 2 et 3

Relevé par Frédérique Imbert

Enfant trouvé à Vernosc-les-Annonay - 1681

Le trentième novembre j’ay baptizé un enfant dont les père et mère sont inconnus et que le vingt septième du moys a esté trouvé exposé dn le four commun du Mourreo ; il pouvait pour lors estre âgé d’environ quinze jours. Catherine Roland grangère du sieur Chomel du Mourreo l’a porté sur les fonts et a esté nommé Michel

Relevé par Jean Chapuis
Sources : AD07 Vernosc les Annonay - 1681

jeudi 8 novembre 2007

L'histoire de Paul et Claude, petits bergers en vadrouille


St Laurent-sous-Coiron

Disparition de deux pupilles de l'assistance publique



Mais quelle mouche a piqué ces deux petits bergers lorsque, leur rêve pour seul bagage, ils se sont enfuis de leurs paturages, en ce mois de juillet 1911 ?

Désir de visiter le monde ? Un monde à quelques kilomètres ou un monde bien plus lointain ?

L'histoire gardera le secret de Paul et Claude, ces deux enfants dont un article du Journal de Privas signale la disparition, en juillet 1911 . Nous ne saurons probablement jamais ce que sont devenus les deux garçonnets ni ce qui les a incités à s'enfuir. A moins qu'un lecteur ne reconnaisse en eux l'un de ses ancêtres ... Sait-on jamais !



Je peux seulement maginer leur histoire


Imaginer qu'ils ont eu envie d'ailleurs, de paysages nouveaux, de villes peut-être, de boutiques animées, de jupes colorées qui virevoltent le long des jambes des jolies filles, des envies de rires, de bruits, de rues pavées sur lesquelles claquent les galoches de gamins enjoués qui se poursuivent dans les rires et les cris ; envie d'un monde neuf où, à n'en pas douter, il leur arriverait quelque aventure extraordinaire qui viendrait rompre la monotonie des mornes journées partagées entre les heures d'école et celles passées dans le silence des montagnes.



Levés aux aurores pour s'occuper des bêtes, puis journée d'école, travaux des champs, journées lourdes et monotones pour ces petits gaillards de 11 et 14 ans, qui ont envie de chahut là où ils ne trouvent que la discipline imposée par le Maître ou le grand silence des montagnes. Qu'a-t-on à faire du calme des montagnes lorsqu'on est à l'age des bétises ?




Le plus jeune s'appelle Paul Lucchesi, il a 11 ans, il est né à Marseille de parents inconnus. Le second est son aîné de trois ans, son nom est Claude Maisoneuve, lui aussi est un enfant de l'Assistance de Marseille. Recueillis tous deux par les bonnes oeuvres de l'Abbé Fouque, ils ont été placés en Ardèche. Paul chez Monsieur Chirouse et Claude chez Monsieur Marnas, tous deux propriétaires à St Laurent-sous-Coiron.

Mais par une belle journée de juillet, voilà que Paul et Claude décident de s'enfuir. Tous deux ont pourtant déjà connu l'exil, bien des années avant . Oh, pas un grand exil ... pas d'océans traversés, ni de frontières franchies ... Mais, tout de même, de Marseille à l'Ardèche, pour un petit enfant de l'Assistance, c'est le bout du monde ! Qu'ont-ils donc trouvé, dans leurs familles ardéchoises toutes neuves, lorsque ils sont arrivés de leur ville natale ?

Quel accueil leur a-t-on réservé ? Ont-ils eu la chance de trouver enfin le foyer chaleureux qui leur ferait oublier l'âpreté de l'orphelinat ? J'ai envie d'imaginer de belles maisons en pierre du pays, un peu en bordure du village, donnant sur les champs à perte de vue, dans lesquelles des familles au grand coeur auraient reçu les deux enfants et les auraient pris avec eux, leur apportant affection et soin comme s'ils étaient leurs propres enfants. Mais l'histoire ne dit pas ces choses-là.

L'Histoire, celle des livres, parle de choses autrement pragmatiques : livrets définissant les modalités des placements, textes de loi (entre autres, la loi du 23 décembre 1874) posant les droits mais aussi les devoirs des familles chez lesquels les enfants étaient placés.

Une rémunération mensuelle, des primes, des compensations financières, un trousseau, mais en échange de devoirs très clairement définis par les textes et qui doivent être respectés. Les nourrices et le chef famille sont d'ailleurs contrôlés, par le médecin contrôleur, par le maire de la commune ou encore par des agents de l'assistance publique. Par exemple, si l'enfant n'est pas vacciné, la nourrice à l'obligation de s'en préoccuper. L'éducation complète de l'enfant est confiée à ces fermiers. Il ne s'agit pas simplement de les nourrir et de les faire travailler aux champs. Le "père" doit être bienveillant et soucieux de l'assiduité de l'enfant à l'école (de l'age de 6 ans à 13 ans). Des primes sont d'ailleurs attribuées aux familles dont les enfants placés auront atteint un niveau d'études satisfaisant. Le chef de cette famille "recomposée", dirions-nous aujourd'hui, devra également répondre de l'éducation religieuse de l'enfant et veillera à ce qu'il fasse sa première communion.

Tout est prévu par les textes, le carnet de nourrice (Sevreuse ou Gardeuse), les livrets personnels, pour que l'enfant reçoive une éducation très complète dans laquelle rien n'est laissé au hasard.

Un beau témoignage m'a été confié, le Certificat délivré par le Maire à une Nourrice, en 1887, au titre de "La protection des Enfants du 1er Age".

Mais, hors du cadre des textes, dans la réalité du quotidien, que se passe-t-il vraiment au sein de la famille ? Comme dans n'importe quelle famille, personne d'autre que les intéressés ne le savent. Du pire au meilleur, tout est envisageable.

Revenons à Paul et Claude, nos deux petits bergers. Que savons-nous d'eux ? Nous savons seulement qu'ils ont été "placés" à la campagne et qu'ils sont tous deux chargés de veiller sur les troupeaux.

Alors, pourquoi s'enfuit-on lorsqu'on a 11 et 14 ans, si l'accueil est bon, le fermier honnête et juste, la soupe bien faite et les bras de la "mère" accueillants ? Que fuit-on ? Le travail était-il trop dur ? Il faut se resituer dans le contexte de l'époque et ne pas oublier que l'enfant n'a pas toujours été protégé et considéré comme il l'est de nos jours. Même si en ce début du XXème siècle, ce n'était plus "l'enfant esclave" comme par le passé, et que de grands progrès avaient été faits dans le regard porté sur l'enfant, même si l'évolution était en marche, il était encore, et pour longtemps, l'enfant mis au travail très tôt et dont la force physique était utilisée dès que possible.

Le labeur était éprouvant pour ces enfants jeunes; les journées étaient longues, les nuits courtes. La mode d'antan n'était pas encline aux démonstrations de tendresse ni aux gâteries superflues. On se bornait à l'essentiel : travailler, apprendre, manger, dormir. Non par dureté particulière de l'âme mais simplement parce que le paysan lui-même travaillait bien trop dur pour avoir l'esprit à considérer l'enfant autrement que comme deux bras supplémentaires utiles à la ferme et, on ne peut pas ne pas y penser, comme une source de revenus régulière.

Alors, ont-ils fui la rudesse du travail aux champs ou simplement la routine d'une vie trop monotone ? Les deux, probablement.... A 11 ans, Paul est encore à l'école, mais Claude depuis ses 13 ans révolus n'est plus tenu d'y aller et passe ses journées dans les collines, avec ses troupeaux. Langueur d'une vie au rythme incompatible avec l'impétuosité de deux enfants débordants de vitalité et d'imagination.


Peut-être Paul et Claude se sont-ils enfuis simplement parce qu'ils sont à l'âge où l'envie de découvrir le monde est plus forte que tout. Ils ont dû mûrir leur projet, jour après jour, dans le secret de leurs collines, ou bien partir sur un coup de tête : nul n'en saura jamais rien. Ils rêvent... ils savent bien au fond d'eux qu'il ne sera pas facile de mener à bien ce projet complètement fou, et que les gendarmes se mettront en quête dès la disparition signalée... Paul et Claude savent bien que quelques sous ne suffiront pas pour survivre bien longtemps... et que le soir il leur faudra dormir sous les étoiles, mais peu importe. Ils ont la tête ailleurs et font semblant de ne pas savoir que l'été ne durera pas toujours... On sait tout à fait ces choses-là, à 11 et 14 ans, quand on est un petit berger débrouillard, venu de l'assistance de Marseille. Et pourtant, un beau jour, défiant la raison, on s'enfuit.

L'article du Journal de Privas dit que Claude a un oncle à Firminy (dans le Massif central entre l'Auvergne et le Forez, à la limite du Velay ) ... peut-être s'y sont-ils rendus ? Ou au contraire peut-être ont-ils évité prudemment Firminy afin de ne pas être pris par les gendarmes et poursuivre leur escapade vers la grande liberté.
J'aime imaginer que Claude et Paul ont été retrouvés en bonne santé et qu'ils n'ont pas été trop rudement punis pour avoir rêvé tout haut et donné forme à leur désir d'enfant. Je ne veux pas envisager qu'ils ont peut-être fait de mauvaises rencontres dans les chemins de traverse, qu'ils ont pu souffrir cruellement de la faim, du froid ou de quelque fièvre maligne, ou encore que quelques années plus tard, ils ont pu être pris dans les mailles serrées d'une guerre cruelle.

Les deux petits bergers ont gardé leur secret.


Article rédigé par Une du Teil

Merci à
Sandrine Penjon, Christiane Peyronnard, Raymond Periades pour les documents qu'ils m'ont transmis et grâce auxquels j'ai pu étayer mon texte, purement imaginaire
.

Sources utilisées :
* Loi du 23 décembre 1874.
* Carnets de nourrice.
* Livrets personnels .
* AD07 - Revues en ligne "Le Journal de Privas" .

dimanche 28 octobre 2007

La Commanderie de Jalès

Un brin d'histoire


Il y a 700 ans, Philippe le Bel jette les Templiers en prison

Berrias-et-Casteljau

La commanderie de Jalès est l'un des rares édifices bâtis parles Templiers qui ait traversé les siècles en conservant la quasi-totalité de ses bâtiments d'origine.






Construite en 1140, elle était l'une des bases arrière de l'activité de l' Ordre en Terre Sainte. Grosse ferme dont les revenus servaient en Orient, monastère, caserne, lieu de recrutement, maison de retraite, puis siège d'un fief, Jalès fut tout cela. Moines et soldats, les Templiers possèdent de vastes domaines. Ils dépendent directement du pape et n'ont de comptes à rendre ni au roi, ni même au clergé du royaume.



Leurs richesses font quelques jaloux... Le 13 octobre 1307, Philippe le Bel jette les Templiers du royaume en prison. Après un procès douteux, le pape Clément V dissout l' ordre en 1312. Leurs biens seront confiés aux Hospitaliers de Jérusalem, plus tard Chevaliers de Malte. Templiers, Hospitaliers ou Chevaliers de Malte, les commandeurs de Jalès seront de fait, jusqu'à la Révolution les Seigneurs locaux, craints des habitants sur qui ils percevaient l'impôt. L'un des commandeurs les plus célèbres fut le Bailly de Suffren qui s'illustra sous Louis XVI.


En 1790 un camp de protestants armés s'étant réunis dans la plaine de Boucoiran, Louis de Malbosc, maire de Berrias, installe le premier « camp de Jalès », qui comprendra entre 30 000 et 40 000 hommes, catholiques désireux d'en découdre avec les protestants du Gard et patriotes légalistes. Les esprits finissent par se calmer mais l'affaire fait grand bruit.


En février 1791, un second camp ira à l'échec. Le troisième et dernier camp de Jalès, en 1792, est clairement une tentative contre-révolutionnaire menée par le Comte de Saillans et le prieur de Chambonnas pour rétablir l'ancien régime. Le complot est découvert, Saillans se réfugie au château de Banne, où il sera défait avant d'être décapité place de la Grave aux Vans.
Jalès connaîtra un début d'incendie et le fort de Banne sera détruit.

Vendu comme un bien national en 1793, la Commanderie fut rachetée par des paysans qui utilisèrent les locaux comme habitations et bâtiments agricoles.Une partie importante appartient aujourd'hui au département.

Article paru dans le Dauphiné Drôme-Ardèche le 13/10/07 non signé

A consulter, le très beau site consacré à la Commanderie de Jalès

Transmis par Kalou07

mardi 23 octobre 2007

L’occitan, qu’es aquo ?

L’occitan ou langue d’Oc est une langue latine dont on retrouve les traces au Moyen Age.

Du XI ème au XIIIème siècle , l’occitan est la langue des « trobadors ». Ces poètes chantent l’amour et la douleur amoureuse. Parmi les plus connus :

- Guilhem IX d’Aquitaine
- Bernard de Ventadour
- Guiraut Riquier


qui font l’éducation sentimentale de l’Europe.





C’est également en Occitan qu’est rédigée la première grammaire occidentale.

On remarque à l’époque la Cour d’Aquitaine (cf ci-contre Aliénor d’Aquitaine) qui contrairement à celle des Francs (très rustres) est d’un raffinement extrême.



Cliquer pour agrandir


L’aire géographique occitane
correspond à une trentaine de départements :

- du Sud de Limoges jusqu’en Catalogne Espagnole ( où l’Occitan est langue co-officielle depuis
1990) excepté le Pays Basque.
- de l’Auvergne jusqu’au Piémont italien inclus (dialecte dauphinois)
- et bien sûr toute la zone sud - sud-est (Midi- Pyrénées - Languedoc Roussillon et Provence
Alpes Côte d’Azur)


Le Provençal et l’Occitan

Le Provençal est une variété de l’Occitan.
C’est en Provençal qu’ont été écrits les chefs-d’œuvre de littérature occitane de Frédéric Mistral.

A côté de l’occitan central (Languedocien) les autres grandes variétés sont le Gascon et le Nord - Occitan.
Il s’agit donc d’un ensemble de parlers quelquefois assez différents mais ayant une base commune.
L’intercompréhension se fait assez facilement entre les diverses formes régionales.


Patois et Occitan

Patois : mot infâmant , inventé à la Cour du Roi de France pour mépriser puis faire disparaître tous les parlers différents de la langue officielle : le Français.

On a fait croire à nos ancêtres que le patois était un parler vulgaire, sans culture, qu’il ne fallait surtout pas transmettre aux enfants.
A l’école où le Français était obligatoire, combien de punitions ont été infligées aux malheureux qui « lâchaient une expression interdite »……


L’histoire de la bobine

L’élève qui s’exprimait en Occitan recevait une bobine dont il devait se débarrasser au plus tôt sous peine d’être puni le soir.
Donc , dès qu’il entendait un autre élève placer un mot « interdit » dans la conversation,il s’empressait de la lui donner.
Et ainsi de suite tout au long de la journée.
Et c’était le « pauvret » qui était en possession de cette maudite bobine qui , le soir, écopait de la punition……

Voici comment l’Occitan fut dévalorisé et ce, durant plusieurs générations.

Mes souvenirs des années 50-60 le démontrent encore.
Il arrivait au père de parler quelque peu Occitan…… et c’était la mère -soucieuse de la bonne éducation de sa progéniture- qui l’interpellait :

- « Ne parle pas patois devant les enfants! »

De nos jours, combien de personnes âgées qui connaissent pourtant bien le parler Occitan refusent de le faire lorsqu’on les en prie… C’est que ces préjugés sont encore bien ancrés.

Et pourtant quelle richesse nous avons là…

La permanencia de nôtre patrimôni es ligada al destin de la lenga occitana

Article rédigé par ZENOBIE

Qui s’est aidée d’une brochure réalisée par le Servici de la lenga Occitana de Montpellier
Du livre « Bougres d’ânes » d’Aimat SERRE pour l’histoire de la bobine
Et d’un compte-rendu de celui qui m’a aidée à retrouver la langue de mes ancêtres
L’occitaniste Peire MAZODIER

mercredi 10 octobre 2007

Les Contes de la Burle



Lorsqu'en 1982 et 1984, l'écrivain ardéchois Jean Durand, alors journaliste au «Dauphiné Libéré», publie les Contes de la Burle et les Nouveaux contes de la Burle, il ne sait pas encore que ses deux ouvrages feront date dans la littérature ardéchoise. En effet, ces deux livres représentent l'un des plus beaux succès de l'autoédition, mais surtout ils nous offrent le plus authentique et le plus émouvant témoignage de la vie rurale du haut-plateau ardéchois.


En effet, connaissez-vous les vieux garçons heureux du haut-plateau du Vivarais : Tabac de Rognon, Clovis des Oulettes, Régiou-la-Liberté ? ou les vieilles de notre pays ardéchois : Victoria Fraysse qui est du «pays où coule le lait et le miel», la Marie-aux-Chats qui avait des doigts de fée, la Joséphine de François-du-courrier qué atchétou lou drôlé, ou encore Maria la Vieille solitaire et son chien borgne ? Avez-vous déjà rencontré les derniers facteurs à pied de l'Ardèche : le Gustou-du-tailleur, Avouac qui avait de la glace sur sa chemise, Saussac qui faillit périr étouffé dans la «gafouille» ?


Ces personnages venus d'un autre âge, saisis sur le vif par la plume magistrale de l'auteur, ces vieux qui «sous leur toit de chaume ou de lauze, dans leur solitude et leur frugalité, «ont gardé le même mode d'existence que leurs ancêtres», eux qui « maintiennent vie et traditions» dans un «pays» balayé par la burle «violente, sournoise, envahissante», ces vieux ne sont-ils pas un peu le visage de nos propres ancêtres ? Ne font-ils pas déjà partie, et pour toujours, de notre mémoire collective ?

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres sans doute liées à nos racines ardéchoises, il faut lire et relire, pour soi et pour nos enfants, ces authentiques portraits d'hommes et femmes humbles à jamais disparus dans la fosse commune du temps.

Les Contes de la Burle sont aujourd'hui édités par les éditions de la Mirandole.

Article rédigé par Thierry Sabot

lundi 24 septembre 2007

THINES, un paradis oublié

En limite d'Ardèche et de Lozère, le bourg de THINES , dressé sur son éperon rocheux, surveille....

Dans un décor accidenté où abondent les châtaigniers, de petits chemins creux bordés de genêts au Printemps serpentent.

Les eaux cristallines glissent sur le schiste brillant.....






Le bourg conserve ses vieilles maisons accrochées au rocher, ses ruelles étroites et une surprenante église du XIIè siècle, classée.



L'église de Thines







Cette église aux belles frises en décoration fut construite vers 1170-1190. En 1464, le compoix indique une confrérie, une commanderie, un important clergé. En 1587, les Huguenots veulent s'emparer du Fort de THINES qui résiste. Ils pillent le village et font prisonnier le vieux curé.

Les statues du portail -que nous voyons encore aujourd'hui- furent défigurées à cette époque.
Durant la Révolution, le village reste à l'abri des troubles. Seule, une cloche sera réclamée par la Convention en 1793.

En 1843, le Conseil de Fabrique décide d'importants travaux. Prosper Mérimée fait classer l'église en 1848. Le dernier prêtre quitte la cure en 1948.
En 1973, la statue de la Vierge est volée. Elle sera remplacée par celle que nous voyons actuellement (photo ci contre).





La campagne se vide, c'est l'exode rural....... Mais l'été, des centaines de visiteurs viennent se recueillir dans ce cadre superbe.













La tragédie de THINES





Le village , qui se compose du bourg et de nombreux petits hameaux alentours sera le théâtre d'un drame en 1943.


Au hameau des "Tastevins", huit personnes furent décimées par les Allemands : six résistants et trois Agriculteurs dont une brave vieille de 90 ans. Ce drame est encore présent dans les mémoires.

Pour la Résistance Ardéchoise cette bataille incarne l'héroïsme de ces tous jeunes gens. Mais, hélas également le déshonneur de la trahison- car la perfidie fut Française-.

En effet, ce pays sauvage et reculé constituait un refuge quasiment sûr pour les maquisards. Seule une trahison a pu emmener les Allemands jusqu'à eux. Encore douloureuse malgré les ans qui ont passé, cette infamie a blessé le sens de l'accueil et l'honneur des Ardéchois.

Un monument rappelle cette tragédie. Un livre "La tragédie de THINES " a été écrit par Sylvain VILLARD afin que nous n'oublions pas ...




Le village se visite à pied depuis un parking 1 km avant THINES. A partir de là ce sera la découverte.......Ouvrez bien les yeux!!!!Vous aussi aurez envie de chanter "QUE LA MONTAGNE EST BELLE"




(D'après les écrits de L'élan des Cévennes, le résumé exposé à l'Eglise de Thines, et le livre de Sylvain VILLARD)

Article rédigé par ZENOBIE

vendredi 31 août 2007

Edito

Il est 22h06 et demain ce sera le 1er septembre.
Une date qui traditionnellement marque la rentrée. Pourtant c'est encore l'été mais il y a déjà dans l'air les premières notes annonciatrices de l'automne.

Nous allons reprendre le chemin des écoliers, plancher sur les sujets que nous passionnent, retracer nos souvenirs d'enfance, faire parler des textes aux signes parfois barbares, exhumer de nos albums des photos couleur sépia sur lesquelles nous tenterons, parfois en vain, de deviner au travers d'un regard, du dessin d'une bouche ou du caractère d'un nez, une ressemblance familiale : est-il un des miens ? Est-il simple voisin, est-il un passant, un qui restera inconnu de moi ?

Car la rentrée c'est aussi ça, faire tourner les aiguilles de l'horloge à l'envers, jouer avec ce temps que nous aimons tellement remonter, nous autres passionnés par l'histoire de nos villages et de nos villes, par le quotidien de nos ancêtres; nous sommes de retour, avec nos écrans, nos claviers, ou papier et crayons: peu importe le support, peu importe la couleur de l'encre pour nous, amoureux fous du passé et de ses secrets.

Bonne rentrée à tous !

jeudi 16 août 2007

Le Mas des Bruges

Ce qui nous fait tant rêver maintenant, dans notre monde tellement aseptisé, ce pittoresque à la recherche duquel nous sommes tant accrochés dans chacune de nos escapades en Ardèche ou ailleurs, devait être un présent bien rude à vivre pour nos aïeux. Nous nous extasions avec émotion devant une vieille masure mais nous oublions parfois tout ce qui allait avec et qui témoignait de la pauvreté et du manque d'hygiène au quotidien.

Voici ce qu'écrit Jean Volane, à propos de quelque hameau pittoresque qu'il ferait si bon découvrir au détour d'une colline, aujourd'hui :

Le repos des âmes

Les cloches de la vieille tour geignent, lançant leurs glas funèbres à tous les échos du Vivarais. On enterre aujourd'hui la Marion du père Boritte - un vieux fermier du Mas des Brugres - joli petit hameau collé au flanc d'une montagne couverte de châtaigniers et de bruyère rouge.

Elle fait plaisir à voir cette poignée de maisons acagnardées au soleil comme de vieilles femmes. Oh ! Mais de loin seulement .

Si vous gravissez les ruelles montantes et pavées du Mas des Bruges, vous êtes obligé de vous serrer les ailes du nez, tant les odeurs que vous percevez sont désagréables. L'oeil n'est reposé par rien de gentil et de propre : des intérieurs enfumés, avec, pour plancher de la boue tassée par des générations de paysans, de la charcuterie qui pend aux grosses poutres noires, quelques images d'Epinal, deux ou trois chromos de saints au-dessus d'un bénitier surmontant le chevet du lit; des mioches crasseux et morveux qui jouaient demi-nus au seuil des portes.

Volane, Jean. "En Vivarais" : Tome I - impressions, descriptions, notes historiques, ed.: Paris ; Nancy : Berger-Levrault, 1897

mercredi 15 août 2007

La Gazette de l'Ardèche, mode d'emploi
















Vous aimez l'Ardèche et souhaitez écrire sur la Gazette ?



Laissez-vous emporter par le plaisir des mots :

Vous aimez écrire ? Adressez-moi vos textes, photos, articles etc... afin que je les mette en ligne.

La seule contrainte posée est thématique: il s'agit d'écrire sur l'Ardèche d'hier.

Souvenirs personnels, anecdotes, événements historiques, tout est en thème dès lors que nous apprenons, à travers vos mots, à mieux connaître ceux qui ont vécu dans nos villages avant nous.
Alors, si l'aventure vous tente, contactez-moi

En outre, comme sur tout blog, vous avez également la possibilité de vous exprimer en ajoutant des commentaires aux articles proposés.

Bonne plume !

dimanche 5 août 2007

Le déserteur de Saint-Pons

Mazon, Albin (1828-1908). Voyage au pays Helvien. 1885.

Pendant l'occupation étrangère de 1815, la ville de Montélimar eut une garnison autrichienne. Quelques détachements, fréquemment renouvelés, étaient envoyés de temps à autre dans les principales localités des environs. C'est ainsi que dans la Vivarais, les soldats de l'Autriche parurent souvent à Viviers, au Teil, à Rochemaure,, à Aps, à Villeneuve, etc. Nos populations éprouvaient naturellement peu de sympathie pour ces étrangers. Si l'on n'osait pas toujours traduire par des actes les sentiments de répulsion qu'ils inspiraient, on se génait moins pour les exprimer en paroles. Un très petit nombre de ces soldats comprenaient quelques mots de français; aucun ne pouvait entendre le langage vulgaire du pays. Aussi arrivait-il souvent que les reflexions les plus malveillantes, même injurieuses, étaient librement échangées à la barbe des envahisseurs de la France.

Ce ne fut donc pas sans une grande surprise, mélée de quelque effroi, que les patriotes d'Aps s'aperçurent un jour qu'un sous-officier récemment arrivé à la tête d'un nouveau détachement de cavalerie, comprenait nonseulement le français mais encore le patois, et même qu'il le parlait très facilement et avec plaisir.

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samedi 4 août 2007

Le parricide de Lussas

Mazon, Albin (1828-1908). Voyage au pays Helvien. 1885.

Parmi les chroniques judiciaires de l'ancien temps qu'on raconte le plus fréquemment dans les veillées, la suivante est celle qui suscite toujours le plus grand succès d'émotion :

Une jeune fille de Lussas, en service à Villeneuve, voulait se marier avec un soldat, mais ce mariage ne plaisait pas à sa mère qui refusait son consentement. Un jour la fille se rendit à Lussas auprtès de sa mère dans l'espoir de la fléchir, mais elle rencontra une résistance inébranlable. Elle conçut alors un horrible projet...

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jeudi 24 mai 2007

La fête des fous à Viviers

Mazon, Albin (1828-1908). Voyage au pays Helvien. 1885

Notre guide nous fit traverser la plaine d'Aps, pour aller voir sur le versant du Coiron, aux limites d'Aps, entre Sceautres et Aubignas, une grotte à toit balsamique, fort curieuse, sinon par elle-même au moins par les traditions qui s'y rattachent. Cette grotte a encore dans la population des environs des clients qui viennent y chercher la guérison de leurs maux. Il y coule, dit-on, parfois des eaux limpides qui rendaient jadis la santé aux lépreux, mais il faut de ferventes prières pour faire apparaître cette source mystérieuse et je dois avouer que les nôtres n'eurent pas ce pouvoir. Il est vrai que nous étions dans une grande période de sècheresse et Barbe put supposer, non sans raison, qu'après une bonne pluie, nous aurions été plus heureux.

A l'entrée de la grotte se trouve un Christ en fer, mais tellement informe qu'on peut tout aussi bien y voir autre chose qu'un emblème chrétien. Les gens des environs disent que ce lieu était consacré à Ste Folie, une sainte qui ne se trouve pas dans le calendrier, mais qui est certainement la sainte la plus fêtée dans ce pauvre monde car elle a une petite chapelle dans tous les crânes humains.

Il est vrai que les curés des environs revendiquent ce sanctuaire volcanique, les uns pour St Félix et les autres pour Ste Euphémie, laquelle est honorée en quelques endroits voisins le long du Rhône et notamment à Baix; mais je suis fort tenté de croire qu'il y a là réellement un vestige de paganisme et qu'il faut y voir un des plus anciens temples dédiés à la sainte dont Erasme a si spirituellement raconté la domination universelle.

Quoiqu'il en soit, il est certains que de braves gens viennent encore de temps à autre dans ce lieu, solliciter Santo-Folio et lui apporter leur offrande. C'est pourquoi les bergers y passent chaque matin et profitent des gros sous déposés par les pélerins.
Cette grotte de Ste Folie miraculeusement échappée à l'action du temps, fait songer à la fête des Fous qui, au moyen-âge, se célébrait non loin de là, en pleine ville de Viviers, et sur laquelle Lancelot, l'académicien du XVII° siècle, nous a conservé quelques détails d'après un rituel manuscrit de l'église de Viviers.

"Cette fête commençait par l'élection d'un abbé du clergé. C'était le bas-choeur, jeunes chanoines, clercs ou enfants de choeur, qui la faisaient. L'abbé élu et le Te Deum chanté, on le portait sur les épaules dans la maison où tout le reste du chapitre était assemblée; l'évèque lui-même, s'il était présent.

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mardi 22 mai 2007

L'habitat



La demeure paysanne-type est plutôt basse, trapue, avec ses ouvertures au midi ou au couchant. Elle s'élève entre une cour et un jardinet, et ses dimensions soint assez réduites, mais une constructions lui est contigüe, d'autant plus conidérable que le bétail est plus important, c'est l'écurie et au-dessus le granier à foin.

Ch. du Besset

Les Paysans




Par la rareté et la difficulté de ses voies de communication, le Vivarais, tel un petit monde isolé, résista plus longtemps que toute autre province aux influences du dehors, et ses paysans conservaient encore il y a quarante ans à peine, un physionomie vraiment originale.


Charles du Besset
Trois siècles de la vie rurale, économique et sociale en Haut-Vivarais (1600-1900)