jeudi 15 octobre 2009

Esquisse d'une vie exemplaire

Le dixieme avril de lannee mil sept cens septante est decedée et enterrée dans l’eglise collegiale d’annonay devant la chapelle notre Dame d’annonay a coté du cœur et de la sacristie mademoiselle Catherine Gourdan issue d’une famille qui s’est constament soutenue de generation en generation dans les vertus et dans la sainteté chretienne Sœur de Mre De gourdan intendant general de la Marine petite niéce de Mr Simond Gourdan chanoine de St Victor Dont la sainteté est reconnüe par nos Roys et par la France, fille légitime de Mre De Gourdan surnommés d’aumonier avocat et de Madame D’argoud. Cette derniere de cette famille distinguée par la sainteté a été de bonne heure animée de l’esprit de Dieu en suivant constamment & en recueillant les premieres sentences et impressions des vertus que ses dignes pere et mere ont la su deverser dans son cœur et qui lui ont decouvert les illusions du monde et de leurs maximes le faux et le danger de ce qui nous frape illis. bas, elle a été assez heureuse pour qu’une fortune riante dont ses parents l’ont rendüe depositaire ne la jamais eblouie et elle en a fait constamment un bon usage et cette abondance a été pour elle une source de mille graces et de mille benedictions de son Dieu toutte la ville scait parfaitement que rien n’a echapé à sa liberalité et en effet combien de miseres ont resenti les ecoulemens de ses bienfaits, dans combien de familles abandonnées delaissées desesperées dans leurs necessites extremes n’a t elle pas versée mille profusions secrettes, a l’imitation d’un Dieu pauvre elle ne s’est jamais rien reservée on peut dire d’elle qu’elle a retracée à nos yeux les premiers siècles de l’église ou la charité rendoit tout commun ou les richesses etoient le tresor des pauvres Sa maison etoit un asile et une retraite aux miserables, l’école aux ignorans une demeure pour les nouveaux convertis de sejour consacré a l’innocence et à la sainteté des mœurs ; elle a joint à l’éclat de ses grandes vertus une Modestie, une Simplicité une Candeur qui ne sont que l’appanage des saints qui n’ont d’autre ambition que celle d’aimer Dieu Sa vie a eté une separation parfaitte de tout ce qui tient quelque chose de la coruption de la nature et des sentimens de la chair avec une pleine liberté de jouir de Dieu sans que des objets sensibles puissent l’en détacher toujour prette à s’elever dans le sein de Dieu pour y gouter ses chastes delices qui la soutenoient et la puriffioient, nous l’avons vüe constamment pendant sa vie après les arrengemens pris dans sa maison après les avis donnés à sa vigilante gouvernante s’aller prosterner tous les jours et tout le jour au pied des autels adorer en esprit Dieu la vérité de Dieu qu’elle recevoit au devant ce tabernacle duquel elle s’anneantissoit pour y recevoir les impressions pleines d’amour du Dieu de la pureté et de la ferveur on en jugeoit assez au sortir de nos temples par l’onction sainte qu’elle portoit auprès de ses filles soit nouvelles converties soit orphelines soit servantes soit surveillantes. Voilà en peu de mots lesquisse de sa vie que je me crois obligé de transmettre à nos neveux. La maladie qui a precedé sa sainte mort a eté l’echo de toutes les vertus que nous avons admirés en elle il etoit juste que ayant vecu quatre vingt six ans pour notre bonheur elle mourut pour le sien elle a eté enterrée par le chapitre et par le corps religieux en presence de Messieurs demeure et peyron signés avec moy

Peiron chne, demeure chne, bonfils chne de St Ruf



Source : AD07 - Commune d'Annonay Registre 1770 p. 179 à 182

Relevé par Jacques Balandreau


Aucun commentaire: